l’humain en metal et les libellules

Gagner en force, impossible acquisition sans l’étreinte de sa propre faiblesse.

Et si la vie est un cercle… alors malgré l’impression de faire ses premiers pas vers l’avant, aller dans la direction opposée pour revenir au point de départ. 

Eternelle respiration. 

Récemment j’ai entendu parler d’une pâtisserie japonaise :le mochi. Semblerait-il que pour le faire il faut se mettre dans un état méditatif « écouter le mochi ». 

Ne pas réagir. 

Ne pas apprendre. Surtout ne rien prendre, pour que chaque instant soit vastement ignorant du passé et ne sache rien du futur. 

Et dans cette ignorance trouver la certitude d’être atteignable par l’amour et rien d’autre. 

De quoi je parle ? Est-ce important ? 

Probablement pas, mais avec la neige dans le jardin, la couverture sur mes épaules car le chauffage ne fonctionne pas, les 14 ° à l’intérieur, les 21 jours jusqu’à Noël, j’ai eu l’élan de partager une anecdote.

J’ai une dizaine de chansons qui se bousculent dans ma tête. Tant qu’elles se bagarrent pour savoir laquelle atterrira sur ma feuille en premier, je ne peux rien faire à part m’asseoir sur les gradins et les regarder s’entremêler dans un catch sensuel. 

Alors dans l’attente, j’écris autre chose. 

J’écris ceci. 

J’ai brûlé quelques un de mes journaux intimes, journaux de bord, ces derniers jours. A ma grande surprise, j’ai lu des choses que j’avais oubliées. Ces petits détails redéfinissent ma vision d’aujourd’hui. Aujourd’hui, suite pas si logique d’hier. Et je pense à tous ces détails que les livres d’histoire omettent et qui changeraient notre vision de nous-mêmes… 

Dans la suite de mon processus de redéfinition, j’ai échangé avec mon petit frère et ma petite sœur. Lena m’a dit «  c’est l’autre qui vit avec ses actions, pas moi. »

Alors dans ma cuisine, comme si la vie, le passé, le futur, le maintenant, les autres, moi, le tout étaient un mochi, une pâtisserie à écouter, un dessert qui livrerait lui-même sa recette, j’ai écouté. 

J’avais envie d’un dessert qui réponde à ma rancune. 

Oui, parce que c’est l’ingrédient dont je dispose, ces jours, en période de fête. Rancune en vers une personne de qui je n’ai jamais senti de reconnaissance. Reconnaître au sens de co-naître, de permettre cet espace à l’autre, où il ou elle peut renaître à chaque seconde, libre. Cet espace où un instant co-créé peut voir le jour. 

Alors avec ma rancune dans le bol, j’ai écouté. 

En moi, un gamine haute comme trois pommes, reposant son petit dos contre mes jambes, un sourire aux lèvres, me dit : 

« Je suis en sécurité, cet autre à qui tu en veux ne peut pas m’atteindre ».

Je ne sais pas vous, combien de fois, enfants ou adultes avez-vous été confrontés à une personne qui ne voit pas au-delà de son jugement, ni combien de fois ces jugements ont été des boîtes rouillées dans lesquelles rentrer ou rester a été douloureux. 

Peut-être, si personne, jamais, n’acceptait de rester dans ces boîtes alors les gens qui les détiennent se rendraient compte qu’elles sont vides. Peut-être alors, lâcheraient-elles, lâcheraient-ils, et plus personne ne porterait de la rouille sur sa peau. 

Je sais, j’en ai moi-même crée des boites… il y avait celle qui s’appelle : « toi qui ne me vois pas, toi qui ne me reconnais pas » et puisque je suis paresseuse, c’est une boîte que je ne portais pas, je l’avais attachée aux pieds de la petite fille blonde, histoire de ralentir sa course lorsqu’elle suit les libellules. 

Ben, dans la cuisine, hier soir, la petite, elle m’a montré qu’il n’y a personne dans cette boîte. 

Le problème avec le jeu des boîtes, c’est qu’il rouille non seulement les mains mais aussi le coeur. J’ai joué, longtemps. Et si je voulais continuer la partie, c’est bien possible que l’autre resterait engourdi dans ma boîte. Je sais pas, il doit y avoir un truc addictif dans ce jeu. Peut-être certains se sont trop habitués au goût de la rouille, au goût de l’attention rouillée, de l’amour rouillé. Peut-être l’attention vraie leur semble insipide. 

Je sais pas vous, combien de fois, enfants ou adultes, avez-vous reçu dans votre tête ou dans votre corps, des idées brillantes, des élans d’étreintes, de sourires, de chansons, de poèmes. Je ne sais pas combien de l’amour qui jaillit en vous est accueilli, a été accueilli. 

La blondinette en moi, elle s’était fatiguée de dessiner un monde plein de couleur pour des gens qui ne voient qu’en noir et blanc, de partager ce que les étoiles lui murmuraient au coeur avec des gens qui ne veulent entendre que le nom du vainqueur et du perdant. 

Mais hier soir, dans la cuisine, le mochi m’a dit. 

Il n’y a que l’amour qui peut m’attendre. 

Le reste est illusion. 

Et si l’amour qui m’habite ne peut être vu par l’autre… alors je peux choisir de ne pas jouer de rôle dans son illusion, et vice-versa. 

Aucun humain n’est fait de métal… la rouille n’est qu’illusion… 

ps : si j’écris ceci aujourd’hui, c’est grâce à celles et ceux qui ne joue pas aux boîtes et qui reçoivent simplement les couleurs et les messages des étoiles, à vous : merci. 

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