Obéir

Pourquoi je fais chier la terre avec mes histoires d’écoute

parce que mon coeur n’est pas sourd, et qu’il est à l’affût, au-delà du bruits ambiants, de la beauté. Comme une oreille qui non seulement est sensible aux vibrations pour se faire une image sonore de son environnement, mon coeur écoute aussi pour adapter son équilibre. 

C’est pour ça que j’insiste. 

Pour obéir, bon sang, juste obéir. Je l’ai déjà dit, étymologiquement obéir signifie être à l’écoute, à l’écoute de quoi? De ce qui nourrit, de ce qui guide, de ce qui vibre en dessous, en deçà des filtres, des sparadraps humides plein de germes, des cicatrices mal fermées, au-delà de la brûlure de la plaie ouverte: le rythme. 

Non, je ne délire pas, non ce n’est pas pour le plaisir de la poésie, je veux entendre parce que je l’ai souvent entendue, cette harmonie de laquelle je fais partie et qui me relie aux autres. 

Mais pour l’entendre il faut se taire. Et choisir. Se taire et surtout sentir ce que le moment demande, les mots qui viennent et non pas ceux que l’on sort frénétiquement de ses habitudes de défense.Il faut se taire le temps de recevoir et non pas de vomir sa peur à travers des excuses, des leçons, des raccourcis, des jugements.

Quitte à verser une larme. 

Quitte à sentir sa petitesse – non pas au sens de faiblesse mais au sens de caractère insignifiant dans l’immensité de l’univers – se blottir avec pudeur contre celle de l’autre et y trouver alors la grandeur de l’unisson. 

Le temps d’un regard, d’un silence, d’un mot simple, d’un “j’obéis à ce qui est ici”. 

Et vas-y qu’on me dit que je ne dois pas pinailler sur les mots, que l’ironie ça marche aussi, que les “si tu me connaissais tu saurais…”, les généralisations, les monosyllabes font l’affaire et que je devrais comprendre. 

Oui, bien sûr que je peux comprendre. Mais ce qui m’importe n’est pas si je peux comprendre, ni si mon coeur seul dans sa poitrine a entendu et peut tisser un monologue intérieur nourrit des silences que l’autre n’habite pas.

Ce qui m’importe est de faire vibrer une corde, comme un fil, un lien, un pont et pour cela il y a besoin de présences, au pluriel. 

Et je demande, chaque fois qu’une personne peuple ses phrases de “si tu…”, d’onomatopées, de concepts à l’emporte pièce, d’ironie, quelle place fait-elle pour sa propre présence dans ce qu’elle dit? 

Pourquoi je fais chier la terre avec mes histoires d’écoute…

parce qu’à la lecture de mon propre texte, j’ai l’impression de l’avoir déjà entendu… 

et ça me fatigue. 

Pourtant, dedans, la même insistance: 

puissions-nous habiter nos mots et nos silences entièrement 

et libérer nos coeurs du bruit ambiant

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